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pus même m’empêcher d’écrire à madame Catry[1], pour la supplier de me dire l’exacte vérité, quelle qu’elle fût. J’en ai reçu une lettre parfaitement bonne et aimable, ou elle s’étend avec une complaisance qui m’a ravi sur une foule de détails relatifs à toi, et dont je n’ai pas dû soupçonner l’exacte vérité.

Les deux lettres dont madame Catry est dépositaire, et qu’elle m’a promis de te faire passer, aussitôt qu’elle connaîtrait ton adresse définitive, t’auraient fait connaître, chère amie, les faits principaux qui, depuis mon entrée chez M. Crouzet, ont modifié ma position et mes projets. La première t’aurait appris les démarches que j’ai faites pour connaître quelles issues pouvait m’offrir la carrière des langues orientales, ou celle de l’École Normale. La seconde t’aurait annoncé un fait inattendu, qui m’aurait fait renoncer à tenter l’entrée de cette École, bien que je fusse admissible. Voici le fait en deux mots : on m’a fait des propositions extrêmement avantageuses pour la publication d’une grammaire hébraïque, que j’avais ébauchée à Saint-Sulpice, et dont l’essai a obtenu l’approbation des experts. Je n’ai pu résister à la tentation, chère amie, je me suis chargé du travail, et il est déjà vigoureusement entamé. Néanmoins, comme il est possible que de longtemps encore et peut-être jamais, ces études ne me créent une position proprement

  1. Amie d’Henriette Renan qui habitait Vienne. V. "Lettres Intimes, p. 303.