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impatience de toucher à tout. C’est un des hommes les plus influents dans tous les corps dont il fait partie, par sa vivacité et sa prodigieuse souplesse d’esprit.

Vendredi prochain, 13 août, chère amie, je dois être reçu membre de la Société asiatique. Je dois cette faveur à MM. Reinaud et Burnouf, qui m’y ont présenté et fait agréer. Ils seront, suivant l’usage, mes introducteurs. Cette société, fondée il y a vingt-cinq ans par MM. de Sacy et Abel Rémusat, sous le patronage de celui qui était alors duc d’Orléans, est célèbre dans toute l’Europe par l’importance de ses travaux, et le nom des orientalistes qu’elle a comptés dans ses rangs. Elle publie une revue mensuelle, où les membres peuvent insérer leurs travaux, et leur offre en outre une riche bibliothèque spéciale pour les langues orientales, avec la facilité de correspondre avec toutes les autres sociétés analogues, fondées a son imitation dans les diverses parties de l’Europe. Les séances particulières ont lieu tous les mois. M. Burnouf veut a toute force, chère amie, m’avoir pour élève. Il voudrait même que, sans abandonner mes études sémitiques, je me consacrasse spécialement aux langues et aux littératures de l’Inde. Il prétend que je n’aurai pas fait du sanscrit pendant six mois, que ma vocation serait décidée, et que je ne voudrais plus être qu’indianiste. Il y met une insistance si bienveillante que je devrai l’an prochain suivre le cours de sanscrit au Collège de France. J’avais formé