Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seraient pour une place dans une bibliothèque. Je disais, il est vrai, que je me préparais à l’agrégation en philosophie. Mais il est trop clair que je ne pouvais demander une place, à laquelle, même avec le titre d’agrégé, je ne pouvais aspirer que par une faveur spéciale. J’ai tout lieu de croire, chère amie, que ce malentendu, que pour ma part je crois très volontaire de la part de celui qui l’a commis, est le fait du chef de bureau qui m’a répondu. C'est un moyen comme un autre de se débarrasser des gens que d’entendre à l’envers ce qu’ils demandent, et de tourner si bien leurs requêtes qu’elles ne puissent être accordées. Voici, chère amie, ce qui me confirme dans cette idée, et aussi ce qui va servir de correctif à ce malheureux début. Quelques jours avant la réception de cette lettre, j’allai voir M. Soulice, qu’un changement dans le personnel a porté précisément dans les bureaux où il peut m’être le plus utile. Je doute beaucoup qu’il ait vu ma pétition, mais il en avait eu certainement quelque connaissance par ouï-dire. Car il insista d’abord sur l’impossibilité d’obtenir une place réellement avantageuse dans un collège de Paris, et puis m’ouvrit comme une idée toute nouvelle le projet d’une bibliothèque. Quand je lui dis que tel était l’objet principal de ma demande, il en parut surpris, et lue dit que ma pétition avait été envoyée aux bureaux du personnel de l’instruction secondaire, que par conséquent elle avait été considérée comme une pure demande de place dans un collège, Continuant ensuite à m’indiquer