Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pauvre amie ! je ne me console de ce triste présent qu’en songeant à un avenir plus heureux. Mais hélas ! quand viendra-t-il ?

J’ai encore plusieurs jours à passer à Paris, chère amie, et il me serait impossible de préciser l’époque de mon départ ; car je suis résolu à ne partir que quand mes affaires auront pris un tour décisif, ou au moins quand ma présence sera tout à fait inutile à leur réussite. Elles ont beaucoup marché depuis quelques jours, chère amie, non pas aussi directement que je l’aurais voulu, mais enfin, dans ces sortes d’affaires, en l’on n’avance que par ricochets, le recul est quelquefois un progrès. J’ai reçu avant-hier, et M. Reiinaud a reçu ce même jour, la réponse officielle du ministère à la requête que nous y avions adressée. Bien qu’elle soit négative, et suppose un étrange malentendu, elle nous a peu déconcertés, parce que le refus porte sur ce que nous ne demandions ni n’espérions. En voici la première phrase, laquelle te fera comprendre avec quel soin on lit au ministère les pétitions qui y sont adressées. « M…, j’ai reçu la lettre par laquelle vous nous adressiez la demande d’une chaire de philosophie dans un des collèges royaux de Paris. » — Où ils ont pu trouver dans ma requête quelque chose qui ressemblât à une pareille demande, c’est ce dont je suis encore à me rendre compte. Ainsi que je te l’ai dit, je m’étais rigoureusement astreint à ne spécifier aucune demande ; ajoutant seulement à la fin que s’il m’était permis d’exprimer un vœu en particulier, tous mes souhaits