Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

français ne le pourrait faire avec les nombreux caractères orientaux qu’il renferme. Or pour ceci, chère amie, il faut un certain poids, indépendant de celui de l’ouvrage. Une commission spéciale est chargée de l’examen des ouvrages à admettre a ce privilège. Là, je retrouverai encore MM. Burnouf et Reinaud, dont l’appui m’est assuré. M. Reinaud m’en a précisément parlé. Je serai encore appuyé d’un autre membre de la commission, qui l’autre jour prit l’initiative de me faire a cet égard ses offres de services ; c’est M. Édouard Biot, fils du célèbre physicien, et lui-même sinologue distingué. J’ai fait sa connaissance en rendant compte dans le Journal de l’Instruction Publique d’un ouvrage fort savant qu’il vient de publier sur l’Histoire de l’Instruction Publique en Chine. Il est depuis quelques jours membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Quand je l’en félicitai, il ajouta fort poliment, qu’il espérait avoir un jour de manière ou d’autre a me donner son suffrage.

Tout en différant cette grave démarche, chère amie, je ne voudrais pourtant pas l’ajourner indéfiniment. Le titre qui peut résulter pour moi de ce travail n’aura toute sa valeur que quand l’ouvrage sera public. Au début, un prix décerné par l’Institut, même sans la publicité de l’ouvrage, peut avoir un poids réel ; mais à un âge plus avancé, et pour une place plus importante, ce serait peu de chose, sans une sanction plus générale et dont chacun pût être juge. Aussitôt