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527 avant Jésus-Christ[1]), que la Grèce commence à faire des emprunts à l’Égypte. Ces emprunts, à ce qu’il semble, portèrent principalement sur l’art de bâtir. Bien certainement les ancêtres des Grecs, quand ils arrivèrent sur les bords de la mer Egée, ne construisaient pas de temples. L’idée d’élever une maison aux dieux n’est nullement aryenne. Le temple aryen, c’est le temenos, l’enclos en plein air, le bois sacré[2]. Les Sémites nomades pratiquaient aussi leur culte au milieu de la libre nature, à la face du ciel. L’idée de loger la Divinité suppose ou une imagerie religieuse déjà fort développée, ou un culte fixé et devenu traditionnel depuis des siècles. Cette idée, nous la voyons naître avec une naïveté charmante chez les Hébreux ; quand ils commencent à s’asseoir d’une manière durable, 1 000 ans environ avant Jésus-Christ. « Quoi, dit David, je suis logé dans un palais de cèdre, et Jéhovah n’a qu’une tente ! » De là le temple de Jérusalem. L’idée analogue naquit-elle chez les Grecs spontanément ou par une influence étrangère ? Je l’ignore ; mais ce qui me paraît probable, c’est que, dans le choix des modèles, ils s’adressèrent à l’Égypte. Plusieurs des données matérielles du temple grec me semblent avoir été empruntées au temple égyptien. Le naos, de part et d’autre, est la partie génératrice de l’ensemble. Le pronaos, parfois même le péristyle, sont conçus des deux côtés de la même manière. La colonne égyptienne et la colonne grecque, avec leur fût diversement calibré, leur chapiteau

  1. Saïs est, en effet, donnée comme le point de départ de la colonie de Cécrops, et mise en rapport direct avec Athènes. — Voyez le Timée et ce qu’Hérodote dit des propylées de Saïs.
  2. Templum est le même mot que temenos. Selon moi, le nemet celtique a la même origine.