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peuples sémitiques du nord de la Mésopotamie vers la Syrie et l’Arabie paraît s’être opéré vers ce temps, que c’est vers ce temps qu’il commence à être question d’Hébreux, de Phéniciens, enfin que le passage des Israélites en Égypte répond au règne des Hyksos ? Peut-on oublier surtout ce curieux synchronisme, établi au chapitre xiii des Nombres, v. 22, entre la fondation d’Hébron et celle de Sân ou Tanis ? La conquête des Hyksos semble n’avoir été que le contre-coup du mouvement qui jeta sur la Syrie et l’Arabie ces peuples nouveaux. Pleins de force et d’élan, ils auront momentanément conquis à leur profit la vieille civilisation égyptienne ; mais celle-ci les aura conquis à leur tour, et, retrouvant elle-même toute sa force, elle aura pris sa revanche durant la brillante période dont nous parlions tout à l’heure, et dont les vestiges se sont conservés dans la plaine de Thèbes avec un éclat sans égal.

Manéthon évalue la durée du règne des Pasteurs à cinq cent onze ans, ce qui porte leur entrée en Égypte à l’an 2200 environ avant Jésus-Christ. Il n’y a pas une ombre de raison de douter de ce chiffre ; mais qu’on le réduise si l’on veut, il faudra toujours placer avant l’an 2000 tout un vieil empire ayant duré des siècles. Manéthon en effet compte avant l’arrivée des Pasteurs quatorze dynasties, formant un total de deux mille huit cents ans. Quand on a soigneusement réfléchi sur les listes des rois trouvées à Abydos, à Thèbes, à Sakkara[1], cette assertion n’a

  1. Ces listes sont au nombre de cinq : le papyrus de Turin, la salle des Ancêtres de Touthmès III à la Bibliothèque nationale à Paris, la première table d’Abydos au Musée britannique, la table de Sakkara au musée de Boulaq, enfin une nouvelle table découverte