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526 MÉLANGES D’HISTOIRE.

normale, dont l’existence est difficilement compatible avec une université véritable, puisque ces établissements soutirent à la faculté des lettres et à la faculté des sciences leurs auditeurs naturels. On résoudrait la plupart des difficultés par ce principe que l’université enseigne tout l’ensemble de la science théorique, laissant aux écoles d’application, aux séminaires de toute sorte, le soin de former des sujets en vue d’une certaine pratique. Je n’ai voulu indiquer ici qu’une seule idée fondamentale, c’est que la liberté de l’enseignement supérieur ne consiste pas dans le droit pour le premier venu de pérorer à tout venant. Elle consiste en ce que le cadre des universités soit assez large et assez flexible pour que toute idée sérieuse trouve moyen de s’y faire une place sans effort. Certes, je veux que les cours libres, soit isolés, soit réunis en groupes, aient le droit d’exister, si bon leur semble ; mais je pense que, à côté d’une Université organisée comme je disais tout à l’heure, de tels cours ne chercheraient guère à se constituer. Pourquoi louer une salle, faire des frais généraux, quand l’État, moyennant un minimum de garanties, vous offre lui-même ses salles, ses affiches, ses appariteurs ?

Et qu’on ne dise pas que c’est là une imitation de l’étranger. C’est le retour à nos propres méthodes, que nous avions désertées et que l’étranger plus sage que nous a gardées et développées. Je le répète, ce système n’est pas autre chose que celui de notre vieille Université du XIIIe siècle, que le monde entier a imitée. Ce qui caractérisait ce corps admirable, du temps de saint Louis, par exemple, c’est qu’il n’était point fermé. Les professeurs ne constituaient pas un ordre à part, distinct des