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480 MÉLANGES D’HISTOIRE.

à ses examens, à ses élections, une grande leçon de morale. L’élection à la pluralité des suffrages, l’obtention des bénéfices au concours, étaient les règles de cette institution, qui fut, au XIVe siècle, l’âme des mouvements du tiers état. M. Le Clerc vivait des souvenirs de ce glorieux passé. Il fut fier le jour où il se vit consulté, de la part d’une université d’Écosse, sur un point de règlement qui divisait les fellows. On s’imaginait, à ce qu’il paraît, au fond de l’Écosse, sur la foi de ce nom bizarre d’Université de France, choisi par Napoléon pour désigner son administration de l’instruction publique, que la vieille Université de Paris existait encore à quelques égards, et l’on s’était dit que, toutes les universités de l’Europe ayant été fondées ad instar Pansiensis studii, le meilleur moyen de régler le différend était de s’informer des usages de l’université mère. Hélas ! il n’existait plus rien qui ressemblât à l’antique alma mater ; il se trouva du moins un docte héritier des Du Boulay, des Crevier, qui sut résoudre les doutes proposés. De sa mansarde, sous les hauts toits de la Sorbonne, M. Le Clerc semblait le dernier de ces maîtres séculiers qui revendiquèrent au XIIIe siècle la liberté de travailler aux choses de l’esprit hors du cloître et de l’école épiscopale. C’étaient là ses ancêtres, et sa joie était grande quand il pouvait réparer quelques-unes des injustices de l’histoire envers c«s pauvres et modestes fondateurs, à qui nous devons tant.

Cela lui fut donné plus d’une fois. Grâce surtout à la connaissance qu’il avait du riche fonds des manuscrits de la Sorbonne, qu’on peut appeler les archives des débats de l’Université de Paris au XIIIe siècle et au XIVe- siècle, il ajouta des traits de première importance à l’histoire de la lutte des