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476 MELANGES D’HISTOIRE.

tyran qui régnait encore ». Ce sont partout les mêmes apparitions, les mêmes vertus, les mêmes miracles. Des biographies pieuses de personnes qui n’ont pas été canonisées, en particulier de quelques saintes flamandes et brabançonnes, sœurs aînées d’A-Kempis, ont plus d’accent et forment de jolis tableaux de sainteté douce et tranquille. La notice de M. Le Clerc sur Marguerite de Duyn, prieure de la chartreuse de Poletin, est pleine d’un sentiment très-juste de la mysticité chrétienne Cette recluse nous a laissé une apocalypse fort curieuse et des Méditations, écrites en partie en français, qui rappellent sainte Thérèse et Marie d’Agreda. La vie de Béatrix, vierge d’Ornacieu, permet aussi d’étudier de près ces illusions d’une affectueuse piété, ces rêves touchants, même quand ils font sourire, d’une recluse qui eût été une mère excellente, et qui remplace des sentiments hors de sa portée par une dévotion tendre et presque maternelle. M. Le Clerc ajouta une page importante à l’histoire du christianisme en explorant cette province peu connue du monde mystique.

Quand M. Le Clerc entra dans la commission de l'Histoire littéraire, les notices sur les grands scolastiques étaient déjà faites. Dans ses articles sur Humbert de Prulli, Pierre d’Auvergne et Raymond de Meuillon, il eut cependant à raconter plus d’un épisode curieux de l’histoire du thomisme. Son étude sur Raymond de Meuillon le conduisit à une découverte curieuse, c’est que les œuvres de ce Raymond avaient été traduites en grec sous ses yeux. À propos de Jofroi de Waterford, il groupa d’autres faits qui mirent dans un grand jour les rapports des dominicains avec Constantinople et la connaissance