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464 MÉLANGES D’HISTOIRE.

préférera peut-être ces solides essais à des morceaux où l’envie de briller n’est pas dissimulée, et où la première règle est d’oublier le livre dont on parle pour montrer son propre talent. On écrivait alors en vue d’un public soucieux du vrai, non en vue de lecteurs indifférents à l’instruction et désireux surtout d’être amusés.

Des devoirs plus graves vinrent chercher M. Le Clerc et furent pour lui le commencement d’une nouvelle vie. En 1832, il fut nommé doyen de la Faculté des lettres de Paris en remplacement de M. Lemaire. En 1834, l’Académie des inscriptions et belles-lettres l’appela dans son sein, pour remplir la place devenue vacante par la mort de Charles Pougens. Ces nouvelles occupations l’obligèrent de quitter l’enseignement ; il renonça aussi peu à peu à la presse périodique et ne songea plus qu’à l’approbation de ses confrères. Quoique la littérature latine fût encore sa principale occupation, on peut croire que déjà il avait renoncé au vaste livre d’ensemble qu’il avait projeté. Il voulut au moins publier quelques parties de ses recherches, et, de 1835 à 1837, il lut à l’Académie deux mémoires sur les Annales des pontifes et sur les Journaux chez les Romains. M. Le Clerc abordait ici un des problèmes les plus difficiles de la critique, un de ces problèmes d’origines qui demandent des dons particuliers et un certain tour d’esprit auquel nulle érudition ne supplée. L’école à laquelle appartenait M. Le Clerc s’exagérait le degré de créance que mérite la vieille histoire romaine. Oublieuse de ses gloires passées, la patrie de Beaufort, de Lévesque de Pouilly, de Barthélémy (telle avait été la décadence des études !), considérait comme une partie de l’orthodoxie classique, au moins aussi into-