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462 MÉLANGES D HISTOIRE.

Th. Gaillard, Ch. de Résumat, fut aussi une bonne fortune pour les lecteurs instruits. Par son goût littéraire et le tour particulier de son esprit, M. Le Clerc semblait désigné pour être l’interprète de ce grand et beau génie qui a donné aux théories morales de l’antiquité leur forme sinon la plus originale, du moins la mieux appropriée au goût français. Les philologues universitaires à cette époque avaient le tort de ne pas recourir aux manuscrits. Pour la constitution du texte, le travail de M. Le Clerc a été dépassé par les critiques allemands ; mais la traduction, le commentaire, les dissertations, renferment d’excellentes parties. C’était juste le moment où les œuvres de Cicéron s’enrichissaient de précieux débris arrachés aux manuscrits palimpsestes par les soins d’Angelo Maï et d’Amédée Peyron. Un des plus beaux écrits de Cicéron, le Dialogue de la république, sorte d’éloquent appel en faveur de la cause perdue du patriotisme et des vieilles institutions au moment où elles allaient disparaître, sortait, pour ainsi dire, des limbes du néant. M. Villemain venait d’en donner une traduction pleine d’élégance et d’éclat ; M. Le Clerc reprit le travail, et ce fut là, dans le champ des études antiques, son principal titre. La critique du cardinal Maï n’était pas toujours égale à son ardeur pour retrouver les pages oblitérées de l’antiquité ; la façon dont il avait constitué le texte laissait à désirer. M. Le Clerc, sur ce point, commença l’œuvre de la grande science avec beaucoup d’érudition et de bonheur.

Le projet qui le préoccupait alors était une histoire générale de la littérature latine. On peut dire que le sujet était complètement traité dans son esprit ; il n’y