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M. Le Clerc étaient dès lors arrêtés. Il s’avouait hautement le disciple de cette grande école française qui a tant tait pour la raison et pour l’humanité. Dans la maison de madame de Rémusat, il avait pu voir quelques-uns des derniers représentants de cette forte génération, que des pygmées et des déclamateurs se vantaient témérairement d’avoir dépassée. Il y connut entre autres Morellet, alors dans son extrême vieillesse, qui lui parlait d’original de Fontenelle, de Montesquieu, de Voltaire. Ce fut M. Le Clerc que l’on chargea de liquider la succession littéraire du judicieux abbé. Les Mémoires sur le XVIIIe siècle et sur la Révolution, avec leurs divers suppléments, parurent par ses soins et avec des notes de lui. Il recueillait encore la meilleure tradition du passé par M. Daunou, qui avait pour lui une bonté paternelle, par le philanthrope éclairé Morel de Vindé, qu’il visitait souvent dans son riche domaine de la Celle-Saint-Cloud, par l’abbé L’Écuy, le dernier abbé général de l’ordre de Prémontré, homme d’une rare instruction en histoire littéraire, qui ne contribua pas peu à la grande érudition ecclésiastique de M. Le Clerc. Divers recueils, entre autres la Quinzaine littéraire, le Lycée français, fondé par MM. Ch. Loyson et Patin, recevaient en même temps de lui une collaboration active et variée.

L’érudition qui causait aux élèves du lycée Charlemagne tant d’étonnement fut enfin appelée à des emplois plus dignes d’elle. En 1821, M. Le Clerc fut nommé maître de conférences à l’École normale. L’école bientôt après fut supprimée pour satisfaire les rancunes cléricales. En 1824, M. Le Clerc fut appelé à la chaire d’éloquence latine à la Faculté des lettres de Paris. Il