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JOSEPH-VICTOR LE CLERC. 459

offciis ad pueros, une traduction en vers latins des quatrains de M. Morel de Vindé sur la Morale de l’enfance. Il se rapprochait déjà des lettres savantes par sa traduction en vers du joli poëme latin intitulé Pervigilium Veneris. L’exemple de Boissonade, de Coray, de Gail (il ne voulait pas qu’on oubliât ce dernier), l’entraînait en même temps vers l’étude de la langue grecque. La Chrestomathie grecque, les Pensées de Platon sur la religion, la morale et la politique, comptèrent parmi les ouvrages qui contribuèrent le plus à introduire l’étude du grec dans l’Université. La nouvelle édition, avec d’utiles notes, de la Grammaire latine de Port-Royal, la Rhétorique extraite des meilleurs écrivains anciens et modernes, furent également des services rendus aux études. À travers quelques préoccupations scolaires, le futur érudit s’y laissait deviner. La bibliographie surtout était dans ces premiers travaux d’une exactitude et d’une richesse qu’on n’était pas habitué à trouver dans de simples livres de classe ou dans des jeux d’esprit.

Une question posée par l’Académie française amena M. Le Clerc à s’occuper de travaux plus élevés. L’Académie avait mis au concours pour 1812 l’éloge de Montaigne ; M. Le Clerc et M. Villemain concoururent : le prix fut décerné à M. Villemain ; toutefois l’ouvrage de M. Le Clerc fut mentionné honorablement. Un peu de déclamation, un certain dédain pour le moyen âge, dont l’étude devait être plus tard l’occupation et l’honneur de sa vie, déparaient cet essai de jeunesse ; mais les plus nobles sentiments, un attachement filial au XVIIIe siècle, dont il partageait l’enthousiasme philosophique, y répandaient beaucoup de chaleur et de vie. Les principes de