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MÉLANGES D’HISTOIRE.

il pas du commerce de l’orientaliste ! Combien l’orientaliste, à son tour, ne gagnerait-il pas à recevoir le ton de ceux qui cultivent avec succès et savoir les littératures classiques[1] ! On s’occuperait, en un mot, beaucoup plus de travaux à faire que de travaux déjà faits ; les lectures et les discussions d’apparat ne formeraient qu’un accessoire et un ornement aux actes et aux délibérations de l’assemblée.

Dans ces conditions de sérieux et d’élévation, nous comprendrions des congrès philologiques en France. Ils auraient l’avantage d’établir des communications utiles entre les sciences spéciales, qui, se développant à part et sans égard les unes pour les autres, deviennent étroites, égoïstes, et perdent le sens élevé de leur mission. Ainsi serait prévenue cette funeste dispersion du travail, qui fait recommencer sans cesse les mêmes recherches, et entasse tellement les monographies, que leur nombre même les annule et les rend presque inutiles. Une vie suffirait à peine pour épuiser tout ce qui serait à consulter sur tel point spécial d’une science, qui n’est elle-même que la moindre partie d’une science plus étendue. Il viendra, ce me semble, un âge où les études philologiques se recueilleront de tous ces travaux épars, et où,

  1. En 1843, plusieurs orientalistes, MM. Pott, Rœdiger, Brockhaus, Fleischer, Seyffarth, Olshausen, se réunirent à Leipzig dans l’intention de fonder des réunions analogues pour la philologie orientale. Il fut résolu qu’on se réunirait aux congrès généraux déjà établis. En effet, depuis 1844, les orientalistes, après avoir ouvert la session avec les autres membres, se retirent, dans le courant de la première séance, pour leurs réunions particulières. On trouvera le compte rendu de la session de 1847 dans le journal de la Société orientale allemande (Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft, 1848, p. 96-106).