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420 MÉLANGES D’HISTOIRE.

disculer leurs questions d’école, peut-être ; parce que, dans notre système d’instruction publique, où la centralisation est beaucoup plus forte qu’en Allemagne, la direction venant d’en haut, de pareilles discussions seraient sans objet entre les membres du corps enseignant. Le corps médical, étant tout autrement organisé, a des congrès qui réunissent sans inconvénient les fonctions administratives et les attributions purement scientifiques.

La plus grande difficulté de l’institution des congrès, et en général de toutes les réunions scientifiques, est de trouver un but précis, suffisant pour en justifier la convocation. Il est des réunions où le but est extérieur, si j’ose le dire : seul, il rassemble des personnes qui sans cela ne songeraient point à se trouver ensemble. Il en est d’autres, au contraire, où la fin est la réunion elle-même. Comme il faut à toute assemblée un but avoué, on imagine alors un objet plus ou moins artificiel, lequel n’est réellement qu’un prétexte et n’a souvent en lui-même qu’une valeur médiocre. Tel est le cas de la plupart des réunions académiques. N’était le désir de se voir, ou d’accomplir une cérémonie publique, vaudrait-il la peine de s’y rendre pour entendre quelques fragments, qui seront bientôt imprimés, et qu’on lirait chez soi avec plus de fruit et de loisir ? La parole improvisée, la discussion de sujets indiqués d’avance satisfait davantage. Mais, si le sujet de pareilles discussions est arbitrairement choisi ou purement littéraire et spéculatif, ces exercices courent le risque de devenir des tournois, où l’amour-propre des combattants est le seul mobile réel, et où la question traitée n’est qu’un prétexte à des prouesses académiques. La discussion d’intérêts positifs, le jugement de con-