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410 MÉLANGES D’HISTOIRE.

à plusieurs trop exclusivement technique. Des deux formes, en effet, que peut revêtir l’histoire, — la forme libre et réchauffée par l’esprit, où les faits sont présentés largement, comme des traits servant à l’unité d’un tableau, — et la forme érudite, éparpillée, où l’auteur ne songe qu’à instruire sans faire penser, — de ces deux formes, dis-je, l'auteur a choisi la seconde. Son livre est exclusivement savant et ne vaut que par les choses qu’on y trouve réunies. Un texte hérissé de passages grecs et latins, des notes occupant régulièrement la moitié de la page, quand elles ne la réduisent pas à deux ou trois lignes comme une sorte d’encadrement accessoire, des citations bibliographiques où l’auteur a voulu surtout être complet sans pouvoir l’être, parce que les sources françaises lui étaient peu connues, voilà l’ouvrage de M. Græfenhan. On nous dit que le public allemand ne demande pas autre chose. Qui voudrait, du reste, exiger davantage, puisque cette forme était ici à peu près commandée par le sujet, et que longtemps encore la science aura besoin de ces patientes recherches qui s’intitulent ou pourraient s’intituler : Mémoires pour servir… ? En un temps où l’on ne fait trop souvent que mettre de grandes phrases à la place des vues et des faits, être exact et vrai finit par devenir un mérite.