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MÉLANGES D’HISTOIRE.

Ma-touan-lin, opérèrent sans accord, de sorte que des hommes gradués par le département des rites n’étaient pas admis à gérer les charges publiques, tandis que d’autres qu’ils n’avaient pas reçus furent investis des charges par le département des offices. » — « Parmi les gradués portés sur les listes du ministère des rites, dit-il ailleurs, il n’y en avait pas un sur dix qui réussît à se faire agréer pour une charge par le ministère des offices. »

La dynastie des Soung (960-1200) fut la dynastie lettrée par excellence. Les collèges impériaux sont rétablis, les concours sont remis en honneur et décident presque seuls de l’admission aux charges publiques. Les épreuves supérieures se passent devant l’empereur en personne ; Confucius est honoré dans un pavillon particulier sous le nom de « roi souverain de la diffusion des principes réguliers ». Néanmoins, plusieurs orages passagers troublèrent encore cette florissante période. Tantôt ce furent les disciples de Lao-Tseu ou les sectateurs de Fo (bouddhistes)[1], qui essayèrent de remplacer le rationalisme de Confucius, les premiers par le mysticisme et la théurgie, les seconds par un système mythique ; tantôt on eut à lutter contre les innovations du ministre Wang-Ngan-Chi, qui entreprit de changer les principes de l’enseignement et de l’interprétation des King, et dont la méthode, anathématisée par les lettrés de la pure doctrine, reprit faveur à diverses reprises. Souvent aussi les souverains se montrèrent mécontents du tour trop littéraire donné à des études qui avaient pour objet de fournir à toutes les fonctions civiles et militaires. Néanmoins la corporation des lettrés resta puissante, et toutes

  1. Fo n’est qu’une abréviation de Fo-tho, transcription chinoise du nom de Bouddha.