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MÉLANGES D’HISTOIRE.

ce que cette forme pourrait avoir de moins attrayant pour certains lecteurs. L’écrivain, qui, obligé de choisir entre l’utilité de la science et la curiosité d’un public superficiel, a le courage de préférer la première, ne mérite sans doute que des éloges.

Deux faits principaux, spécialement intéressants pour les nations européennes, nous semblent mis en lumière dans l’ouvrage de M. Édouard Biot. D’une part, le système des concours décidant de l’admission aux fonctions publiques, de l’autre, le choix d’un certain nombre d’auteurs anciens servant de base à l’éducation intellectuelle et morale, constituent les traits les plus caractéristiques de l’instruction publique en Chine. À chacun de ces deux sujets se rapporteront les deux articles que nous consacrerons à l’examen de l’ouvrage de M. Biot.

Les traditions conservées sur les plus anciennes dynasties chinoises font déjà mention d’établissements d’instruction publique, fondés et soutenus par l’État. Ces établissements étaient à la fois des collèges pour l’éducation de la jeunesse, des prytanées pour les vieillards, des athénées de musique, où l’on réunissait les aveugles, qui, devenus inhabiles à la vie active, étaient chargés de cultiver cet art. La poésie, la danse, la musique, les exercices militaires formaient alors, comme à l’enfance de toutes les sociétés, l’objet de l’éducation. « Ceux qui instruisaient le prince héritier et les gradués littéraires, dit le Li-ki, devaient observer les saisons de l’année. Au printemps et en été, ils enseignaient les danses avec la plume et la flûte[1]. Au printemps, on récitait des airs ;

  1. Sortes de danses où les danseurs tenaient à la main une plume ou une flûte.