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L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN CHINE.

cours reconnu par l’État et constituant un titre ou du moins une condition à la nomination aux fonctions publiques. L’idée des universités est une des plus originales qu’aient eues les nations occidentales, une de celles qu’elles ont tirées le plus exclusivement de leur propre fond. Et pourtant, longtemps avant notre ère, on trouve chez les Chinois un système analogue, établi sur le principe d’une instruction autorisée, d’un corps conférant des grades valables aux yeux de l’État et servant pour l’admission aux charges du gouvernement. Ce système, ils l’ont même appliqué d’une manière bien plus large que ne l’ont fait les peuples de l’Europe, et il lui ont donné une extension qui, à nos yeux, ne saurait être qu’un excès.

L’histoire de l’origine et des vicissitudes successives de ce système d’instruction publique à travers les diverses dynasties qui se sont succédé sur le trône de la Chine a fourni à M. Édouard Biot le sujet d’un livre à la fois savant et utile, non moins précieux pour ceux qui s’occupent des questions d’instruction publique que pour le sinologue et l’historien. Ce dernier genre d’intérêt a principalement dirigé l’auteur. Son livre est avant tout un livre d’érudition, destiné au savant qui fait de la littérature chinoise l’objet d’une étude spéciale. Celui qui ne cherche que les résultats peut d’abord regretter que, au lieu de présenter ses conclusions dégagées des travaux qui l’y ont amené, l’auteur ait préféré donner l’analyse des documents chinois qui servent de base à son ouvrage. Mais l’ensemble qui sort de ces riches détails, l’assurance que donne aux recherches scientifiques l’appui des pièces originales, les aperçus généraux qui se trouvent semés au milieu des citations savantes, compensent abondamment