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par les inscriptions que les circonstances de temps y sont aussi défectueuses que les circonstances de lieu[1]. L’opinion universelle plaçait la révolte d’Avidius en l’an 175. Fadilla est appelée dans une des lettres en question puela virgo ; or, selon Borghesi, Fadilla était mariée avant 173. Et nierait-on cela, dit Borghesi, il reste toujours que, dans les lettres dont il s’agit, Marc-Aurèle et Faustine n’ont qu’un gendre, Pompéien. Or l’épigraphie établit avec certitude qu’en l’an 173 Marc-Aurèle avait au moins deux gendres, Pompéien et Claudius Sévérus. — Autre raisonnement : Marc-Aurèle, dans une des lettres suspectes, annonce qu’il fera Pompéien consul de l’année suivante. L’année de la révolte étant 175, Pompéien aurait donc été consul l’an 176. Or il n’en est rien. Pompéien fut consul l’an 173. En d’autres termes, pour satisfaire aux exigences des textes épigraphiques, il faudrait que la révolte eût eu lieu au plus tard en 172. Voilà qui paraissait décisif. Eh bien, il résulte de découvertes postérieures que ces deux raisonnements reposent sur une base erronée. Tous deux supposent que la révolte d’Avidius eut lieu en l’an 175 ; or notre savant confrère M. W.-H. Waddington a découvert dans le Hauran cinq inscriptions monumentales gravées sous l’administration d’Avidius Cassius et datées des années 168, 169, 170, 171[2]. La durée des fonctions de légat dans les provinces consulaires était de cinq ans. Avidius, en 172, était donc à la fin de son gouvernement et comme acculé à la révolte. Il est infiniment probable que sa révolte

  1. Œuvres complètes, publiées par ordre de l’empereur Napoléon III, t. V, p. 434 et suiv.
  2. Dans les Œuvres de Borghesi, endroit cité, p. 437-438, note.