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L’avancement qu’obtinrent ses favoris, notamment Tertullus, fut un scandale. Mais une particularité importante que l’on n’a pas assez remarquée, c’est que Capitolin ne rapporte aucune de ses allégations sans y joindre un signe de doute : Aiunt quidam, quod veri simile videtur, multi ferunt, fertur, ut quidam dicunt, fuit sermo, etc. Une des versions relatives au gladiateur, père supposé de Commode, est si absurde, qu’il la traite de conte populaire : Talem fabellam vulgari sermone contexunt. Les prétendues relations criminelles de Faustine avec Vérus sont aussi rangées par Capitolin au nombre des fables. Cette réserve serait-elle un effet du culte qu’il a voué à la mémoire de Marc-Aurèle ? Nullement ; car il prend soin de nous dire que, dans sa pensée, une vie si sainte, si parfaitement innocente, ne pouvait être flétrie par aucun fâcheux voisinage, même par celui d’une « épouse infâme ». Ces marques d’hésitation viennent de ce que les historiens de l’Histoire Auguste avaient assez de renseignements pour voir que les allégations contraires à l’honneur de Faustine venaient d’une opinion hostile et n’étaient pas exemptes d’esprit de parti.

En effet, un autre écrivain de l’Histoire Auguste, Vulcatius Gallicanus, le biographe d’Avidius Cassius, accuse formellement Marius Maximus d’avoir cherché à diffamer Faustine (infamari eam cupiens), et absout cette dernière du plus grave des soupçons qui pesaient sur sa mémoire, la complicité avec Avidius Cassius[1]. Il fait mieux : il rapporte des lettres qui, si elles sont authentiques, la disculpent d’un si grave reproche. Nous reviendions bientôt

  1. Vie d’Avidius, 9, 10, 11.