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des légendes égyptiennes ou phéniciennes, et, s’il faut en croire M. Layard, l’un d’eux aurait dû être appendu à un traité conclu entre Sennachérib et Sabaco l’Éthiopien, au viie siècle avant l’ère chrétienne.

Les limites de cet article ne nous permettent pas de suivre M. Layard dans les autres parties de son voyage. En dehors même de l’archéologie, qui forme le principal intérêt de son livre, les renseignements qu’on y trouve sur l’état actuel des pays que l’auteur a parcourus, sur les races diverses du bassin du Tigre et de l’Euphrate, et, en particulier, les Iezidis et les Curdes, sur l’état des populations chrétiennes de l’Orient, particulièrement des Nestoriens, auraient suffi pour une exploration moins féconde en résultats. On s’étonnera peut-être que Babylone ne tienne, dans le livre de M. Layard, qu’une place secondaire ; mais longtemps encore l’archéologie babylonienne n’occupera qu’un rang fort inférieur à l’archéologie ninivite. Jusqu’à ce qu’on ait remué de fond en comble les collines de briques qui couvrent l’emplacement de l’antique Babel (et ce gigantesque travail ne pourra s’accomplir qu’au prix de très-grands sacrifices pécuniaires), toutes les recherches entreprises sur le sol de cette ville fameuse n’amèneront, il est permis de le croire, que de maigres résultats. Les récentes découvertes de M. Place, à Mossoul, prouvent au contraire que les trésors de Ninive sont loin d’être épuisés ; et qu’il nous soit permis de dire à ce propos combien il serait regrettable de voir interrompues, ainsi qu’on l’avait annoncé, des recherches qui seules pourraient rendre à notre musée assyrien le rang que la priorité de sa fondation semblait devoir lui assurer.