Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dules. L’Angleterre alors se prit d’une louable émulation, et voulut racheter par le nombre et l’importance des découvertes ce qui lui manquait sous le rapport de la priorité. Les fouilles de M. Layard à Nimroud révélèrent une acropole artificielle, avec deux palais, une immense tour pyramidale, et une foule de constructions accessoires, d’un caractère sensiblement distinct du monument de Khorsabad. Ainsi, au lieu d’une Ninive, on en avait deux, d’un style et d’un âge différents, séparées par une distance de douze ou treize lieues, l’une au nord, l’autre au sud de Mossoul.

Restait, entre ces deux points extrêmes, l’emplacement de Koyounjik et Nebbi-Younous, situé en face même de Mossoul, et que tous les témoignages et toutes les inductions semblaient désigner comme le point central de l’antique capitale de l’Assyrie. Nous avons vu comment les efforts de M. Botta s’étaient portés tout d’abord sur ce point, et comment le peu de succès de ses recherches l’avait engagé à porter ailleurs ses investigations. Dans un intervalle des fouilles de Nimroud, M. Layard vint examiner à son tour le terrain objet de tant de conjectures : les deux antiquaires remuèrent le sol durant plusieurs mois, mais toujours sans rien découvrir d’important. Enfin, après avoir achevé ses fouilles de Nimroud, M. Layard, possédé d’une foi invincible dans les trésors cachés de Koyounjik, y revint encore, et conduisit les fouilles d’après certaines règles que lui avaient révélées ses expériences antérieures. Cette fois , de merveilleux résultats couronnèrent sa persévérance. Une troisième Ninive sortit de terre, avec ses palais fort analogues à ceux de Khorsabad, assez différents au contraire de ceux de Nimroud.