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là se porta, en effet, tout d’abord, l’attention de M. Botta. Mais l’archéologie a ses fortunes ; ces premières fouilles n’amenèrent que peu de résultats. Aussi M. Botta s’en laissa-t-il facilement détourner par d’autres indications qui lui signalaient le village de Khorsabad, situé à six lieues au nord-est, comme une mine féconde de briques et de dalles sculptées. Là, en effet, les premiers coups de pioche mirent à découvert l’immense palais dont les débris, transportés depuis au Musée du Louvre, devaient jeter en Europe les bases du premier musée assyrien, et dont les dessins, dus à M. Flandin[1], forment une des plus somptueuses publications exécutées dans notre siècle par ordre du Gouvernement.

En même temps que M. Botta, M. Layard, jeune et hardi voyageur anglais, était en quête de Ninive. Remontant le cours du Tigre, il remarqua, au confluent de ce fleuve et du Zab, un emplacement nommé Nimroud[2], semé de monticules artificiels et couvert de fragments de briques et d’albâtre. Rien ne put dès lors lui ôter de l’esprit que ces monticules recelaient quelque ruine importante. Toutefois il ne réussit à faire partager à d’autres sa confiance que quand la découverte du palais de Khorsabad fut venue dissiper les doutes des plus incré-

  1. Monument de Ninive, découvert et décrit par M. Botta, mesuré et dessiné par M. Flandin, ouvrage publié par ordre du Gouvernement. Paris, 1847-50. Cinq vol. in fol.
  2. Il importe de faire observer que ce nom et tant d’autres qui rappellent en Orient des particularités bibliques ne sauraient offrir aucune induction solide. La plupart de ces dénominations ne liaient que des musulmans, qui cherchèrent, sans beaucoup de critique, comme on peut le croire, à retrouver, par des identifications arbitraires, la trace des traditions rabbiniques et chrétiennes qu’ils avaient adoptées.