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Ebrard, Meier, Blau, à y voir un morceau de littérature, une lamentation funèbre sur la mort d’une jeune fille. Toutes ces belles choses sont à biffer. Grâce à M. Polizzi, à M. Amari, à M. Salinas, nous possédons maintenant des calques rigoureusement exacts et des photographies de la copie de Cordici qui est à la bibliothèque de Palerme. En outre, une autre copie également autographe de l’ouvrage de Cordici a été découverte à Monte San-Giuliano. Avec ces secours, on peut apercevoir l’original mieux qu’on ne l’avait fait jusqu’ici, et, bien qu’on soit loin encore d’avoir lu tout l’ensemble, on en voit assez pour affirmer que l’inscription était votive et s’adressait à Rabbath Astoreth (Vénus Érycine), sous le vocable de « Prolongatrice de la vie »[1].

Nous avions un besoin extrême de repos ; mais comment résister aux invitations de la municipalité de Trapani, qui nous convoquait à un banquet pour onze heures du soir ? L’amabilité extrême de nos hôtes nous permettait du reste cette quiétude, ce demi-sommeil les yeux ouverts que nous devions pratiquer durant huit jours. Un splendide éclairage au gaz faisait de la salle une étuve, où tous les rhumatismes du monde eussent dû céder. Les brindisi se succédaient dans un état de demi-rêve que l’indulgence de nos voisins acceptait en souriant. Le lendemain à huit heures, nous avions visité la bibliothèque, le musée, et nous étions embarqués sur l’Archimède, belle frégate à vapeur où la courtoisie de M. le commandant Conti nous avait préparé la plus aimable des installations.

  1. Ou « force de vie », Kebar hayyim. Comparez Oz hayyim dans l’inscription de Lapithos (Chypre).