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aux sensations de ce monde nouveau avec la joie naïve d’un enfant. Rien n’égale, en automne et au printemps, le charme de la Syrie. Un air embaumé pénètre tout et semble communiquer à la vie quelque chose de sa légèreté. Les plus belles fleurs, surtout d’admirables cyclamens, sortent en touffes de chaque fente de rocher ; dans les plaines du côté d’Amrit et de Tortose, le pied des chevaux déchire des tapis épais composés des plus belles fleurs de nos parterres. Les eaux qui coulent de la montagne forment avec l’âpre soleil qui les dévore un contraste plein d’enivrements.

Notre premier séjour fut le village d’Amschit, à trois quarts d’heure de Gébeil (Byblos), fondé, il y a vingt-cinq ou trente ans, par le riche Maronite Mikhaël Tobia. Zakhia, l’héritier de Mikhaël, nous rendit ce séjour extrêmement agréable. Il nous donna une