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appris. Son éducation, néanmoins, serait restée forcément très incomplète, sans une heureuse fortune qui lui donna une institutrice supérieure à toutes celles que le pays avait eues jusque-là. Les familles nobles de Tréguier étaient revenues de l’émigration complètement ruinées. Une demoiselle appartenant à l’une de ces familles, dont l’éducation s’était faite en Angleterre, se mit à donner des leçons. C’était une personne distinguée par le goût et les manières ; elle laissa chez ma sœur une trace profonde et un souvenir qui ne s’effaça point.

Les malheurs dont elle fut de bonne heure entourée augmentèrent cette tendance à la concentration qui était innée chez elle. Notre grand-père, par le côté paternel, appartenait à une sorte de clan de marins et de paysans qui peuple tout le pays de Goëlo. Il fit une petite fortune avec sa barque et vint s’établir