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sur sa vie passée un regard triste et doux. « Je ferai mon testament, dit-elle, tu seras mon légataire ; je laisse peu de chose, quelque chose cependant ; de mes épargnes je veux que tu fasses un caveau de famille ; il faut nous rapprocher, que nous soyons près les uns des autres. La petite Ernestine doit revenir avec nous. » Puis elle fit un calcul dans son esprit, marqua du doigt la disposition intérieure et sembla vouloir douze places. Elle me parla en pleurant du petit Ary, de notre vieille mère. Elle m’indiqua ce que je devais donner à sa nièce ; elle chercha quelque chose qui pût plaire à Cornélie, et elle pensa à un petit livre italien (les Fioretti de saint François), que M. Berthelot lui avait donné : « Je t’ai beaucoup aimé, me dit-elle ensuite ; quelquefois mon affection t’a fait souffrir ; j’ai été injuste, exclusive ; mais c’est que je t’ai aimé comme on n’aime plus, comme