avec l’Évangile et Josèphe, une Vie de Jésus, que je poussai à Ghazir jusqu’au dernier voyage de Jésus à Jérusalem. Heures délicieuses et trop vite évanouies, oh ! puisse l’éternité vous ressembler ! Du matin au soir, j’étais comme ivre de la pensée qui se déroulait devant moi. Je m’endormais avec elle, et le premier rayon du soleil paraissant derrière la montagne me la rendait plus claire et plus vive que la veille. Henriette fut confidente jour par jour des progrès de mon ouvrage ; au fur et à mesure que j’avais écrit une page, elle la copiait : « Ce livre-ci, me disait-elle, je l’aimerai : d’abord, parce que nous l’aurons fait ensemble, et puis, parce qu’il me plaît. » Jamais sa pensée n’avait été si haute. Le soir, nous nous promenions sur notre terrasse, à la clarté des étoiles : là elle me faisait ses réflexions, pleines de tact et de profondeur, dont plusieurs ont été pour moi de vraies
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