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attendre jusque-là ! Encore si je savais où te trouver, où m’adresser directement pour savoir quelque chose de toi ! Mais j’ignore tout ; qui sait même si madame Catry pourra me donner aucun renseignement ? Oh ! si quelque heureuse nouvelle met fin à mes inquiétudes, que je jurerai de bon cœur que c’est pour la dernière fois, et que ces affreux éloignements ne viendront plus ainsi nous navrer d’angoisse. France ! France ! chère amie ; c’est une immuable résolution ; je croirais jouer la vie de ma sœur bien-aimée, en souffrant que plus longtemps elle l’expose pour moi. J’aurais cette fois à t’annoncer une nouvelle tout à fait singulière et inattendue, et je le ferais avec bien du plaisir sans l’état cruel où je me trouve, lequel défleurit tout pour moi. Oh ! si en ce moment une heureuse nouvelle venait calmer mon cœur, comme je t’en parlerais avec transport ! Voici le simple fait.

Tandis que je professais l’hébreu à Saint-Sulpice, j’avais rédigé pour mon cours des notes fort étendues, lesquelles forment une grammaire hébraïque à peu près complète, sur un plan que je crois neuf et original ; ainsi du