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XXIX


MADEMOISELLE RENAN


Paris, 25 décembre 1845.

Je n’y peux plus tenir, chère Henriette. J’écris à mademoiselle Catry pour la supplier de me dire la vérité telle qu’elle est. Il faut absolument que je sorte de cet état d’angoisse, qui m’est presque aussi pénible que la plus accablante réalité. Henriette, ma chère Henriette ! qu’as-tu donc ? Je suppose un retard dans le voyage, quelque séjour fait en Gallicie, etc. Mais enfin, les lettres ne peuvent-elles parvenir de tous les pays ? Je m’effraie, quand je songe que peut-être ces affreux cauchemars auxquels j’ai quelquefois laissé aller mon imagination, sont peut-être d’affreuses réalités. Notre mère est aussi horriblement tourmentée ; mademoiselle Ulliac ne sait que penser. Je compte les jours qui me rapporteront la lettre de madame Catry ; grand Dieu ! s’il faut