Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épreuves de l’agrégé en philosophie son identiquement les mômes, sauf la dernière, que les épreuves de l’agrégé en histoire. Il suit de cet arrangement que le choix n’a guère à s’exercer qu’entre les deux facultés, et c’est là qu’a été en effet pour moi le champ d’une vaste controverse intérieure.

Les sciences ont pour moi tant d’attraits, je leur accorde une si haute supériorité au-dessus de la littérature qui n’est que littérature, que j’ai longtemps hésité si je ne m’attacherais point définitivement à elles. J’ajoute qu’en me consacrant à cette partie, je puis dire sans présomption que j’étais moralement certain d’y arriver, avec le temps, assez haut, cette branche étant moins suivie que celle des lettres, et de plus mon esprit n’y trouvant pas, comme dans la faculté des lettres, des parties qui lui sont presque antipathiques. Mais, hélas ! tout ce à quoi elle pouvait me mener, n’était pas la philosophie. La philosophie, voilà ce qui m’a déterminé pour les lettres et qui l’a emporté sur les considérations, d’ailleurs si puissantes, qui m’en détournaient. Mon esprit ne pouvait se contenter d’une