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tout cela, le retour en France fera oublier bien des choses. Et puis, je lui colore l’avenir. Que ne dépend-il de moi de la rendre heureuse ! Juge combien j’ai souffert quand j’ai cru que j’étais obligé de la rendre malheureuse pour toujours. Heureusement, tout s’est adouci, et j’espère que les joies de l’avenir effaceront la peine passagère.

M. Dupanloup vient, par une révolution soudaine, de quitter le petit séminaire, avec tous ceux qui ne faisaient qu’un avec lui. Il a éprouvé ce qu’éprouveront dans ce corps tous les hommes supérieurs.


XXVIII


A MADEMOISELLE RENAN


Paris, 15 décembre 1845.

Je t’écris, ma chère amie, dans une bien grande inquiétude. Ton long silence est pour moi une étrange énigme, et je m’épuise en conjectures pour y trouver quelque explication qui