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que de mon plan d’études. J’ai encore quelques informations à prendre, avant qu’il soit parfaitement arrêté. J’assiste assidûment aux examens qui se font en ce moment à la Sorbonne pour le baccalauréat et la licence ès lettres et ès sciences, pour régler mes calculs. J’ai pris hier possession de ma petite chambre d’étudiant. Elle est tout à fait agréable. On y respire l’air pur du quartier du Luxembourg ; la vue est charmante : le Luxembourg, l’Observatoire, des parcs, des jardins, et là-bas, au coin, la petite maison carrée de mademoiselle Ulliac. J’ai sous mes fenêtres le parc de l’institution des sourds-muets : ma récréation est de considérer les jeux de ces pauvres enfants.

Me voilà donc, chère amie, dans cette position que tu rêvais pour moi. Elle est, comme tu le sais, parfaitement analogue à mes goûts ; l’isolement seul la rend pénible ; mais, au fait, je t’aurai bientôt. Quelques mois passent bien vite ; car c’est ainsi que je compte, chère Henriette. J’éprouve parfois, vers le soir surtout, des moments d’une indicible tristesse quand je me rappelle maman, mon Henriette,