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m’estimerais fort heureux, si je pouvais passer mon examen dans un mois, ce qui lasse terriblement ma patience ; ces ennuyeuses formalités m’auront coûté dix fois plus de peine et d’inquiétude que la préparation scientifique de l’examen. Encore si j’étais sûr au bout de mes peines d’arriver au terme ! J’attends avec une grande anxiété la lettre de notre frère.

A toutes ces inquiétudes de tête s’en est jointe une autre, chère Henriette, bien plus pénible encore, parce qu’elle m’attaquait au cœur, et que toi-même en étais l’objet. Un mot d’un petit billet de mademoiselle Ulliac me parlait de ta santé fort altérée. J’ai été sur-le-champ demander l’explication de cette terrible réticence, et il m’a été révélé des mystères. Quoi ! Henriette, mon amie, tu as souffert, et nous n’avons rien su ; moi surtout, devais-tu me le cacher ? Je conçois notre mère… mais moi ? Écoute, chère amie ; ce que je vais te dire est sérieux, c’est ma résolution intime, c’est le résultat d’une longue conversation que nous avons eue, mademoiselle Ulliac et moi, d’une ligue, comme elle dit, que