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même terrain. Mon éloigneraient de l’orthodoxie, qui aura exercé l’influence la plus décisive sur ma vie extérieure, en aura eu fort peu sur tout mon système intérieur. Je l’apprécie comme un changement d’opinion sur un point historique important, changement qui n’empêche pas de vivre sur les mêmes bases qu’auparavant. J’accepte et je conserve toutes les traditions pratiques et spéculatives de mon passé, me réservant de les contrôler avec les résultats ultérieurs de mes études et de mes pensées. Mais j’espère que, désormais, ces résultats ne m’obligeront plus à les traduire au dehors par des ruptures extérieures aussi pénibles que celles auxquelles je me suis vu condamné.

Adieu, bonne et chère amie. Écris-moi de Vienne, et donne-moi les instructions nécessaires, pour que je sache où t’adresser mes lettres. — Je n’ai pas encore songé à te dire combien j’ai été enchanté de voir s’effectuer ton voyage d’Italie. Puisse-t-il t’adoucir un peu les tourments de l’exil. Et la France !... chère amie. Qui peut savoir l’avenir ? Aimons-nous et espérons, et puis laissons couler le