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fatiguée de lutter contre les difficultés extérieures ? Du reste, ma bonne amie, il ne me faudrait pour me les rendre supportables que l’assurance de posséder en toi un cœur qui sait les comprendre et y compatir. Puissé-je te prouver un jour que tu n’auras pas aimé un ingrat.

Ton frère et ami,

E. RENAN.


[Sur un petit papier à part] :

Ceci est entre nous deux, ma bonne amie. Maman a dû voir le reste de ma lettre ; tu sauras donc y faire les modifications nécessaires. — Le projet d’Allemagne lui a d’abord fort peu souri ; elle commence à se réconcilier avec lui. — Celui des études dans Paris l’alarma encore bien davantage ; mais maintenant j’ai su l’amener à n’en être plus effrayée ; toutefois, je le lui présente encore comme peu probable, et comme un pis-aller. — J’ai exagéré exprès ses difficultés, et présenté les autres un peu en beau. Mon Dieu ! mon amie, comme je souffre ! Je t’écris ceci à la dérobée, sans y voir presque ; j’espérais trouver l’occasion de