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torisent à le croire, et c’est ainsi que, dans un des passages de ma dernière lettre, dont l’extrême concision a dû te paraître inexplicable, j’ai pu identifier mon initiation aux grades universitaires avec mon agrégation à l’université. D’ailleurs quand cela serait impossible, tout ce qu’il aurait de plus onéreux serait de me faire inscrire, moyennant la rétribution ordinaire, dans une de ces maisons préparatoires, où l’on est censé faire en six mois la rhétorique et la philosophie universitaires. Pendant ce temps je me préparerais à mes examens d’admission.

Cette carrière me plairait beaucoup. Car, je crois te l’avoir déjà dit, mes habitudes intellectuelles, contractées depuis tant d’années, et favorisées par mon genre de vie, me font un besoin indispensable d’une vie d’études et de pensée. L’homme ne vit pas seulement de pain, et je crois que je me passerais plus facilement du pain du corps que de celui de l’esprit. L’instruction publique me laisserait libre de satisfaire ce besoin, non sans doute avec cette large et pleine liberté du savant libre, qui pousse ses études et sa pensée avec