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de les accroître ; — il est vrai que, d’un autre côté, elles feraient, j’en conviens, pressentir une rupture à ceux qui ont tout intérêt à ne point te perdre et qui ne manqueraient pas de s’en alarmer. Voilà, mon bon et cher Ernest, les deux idées sur lesquelles j’appelle toutes tes réflexions. Elles peuvent se résumer ainsi : un préceptorat ne peut laisser soupçonner à personne la moindre hésitation de ta part, et, lorsque deux ou trois ans seront écoulés, il sera infiniment plus facile d’amener tous les esprits, même celui de maman, à un changement qui les frapperait davantage s’il était brusque ; en supposant tes idées de changement à peu près arrêtées, cette même occupation ne t’éloignerait-elle pas d’une autre carrière, en te reculant encore de deux ou trois années ? Pense à cela, mon bon, mon cher Ernest, pendant que je laisserai agir mes amis, et communique-moi, sans la moindre restriction, toutes tes réflexions, tous tes sentiments. Quant aux craintes délicates qui t’empêchent d’accepter mon offre d’études libres, laisse-moi les combattre, mon ami, en te disant que te créer un avenir est ma pre-