Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XV


MADEMOISELLE RENAN
Au château de Clemensow, poste de Zwierziniec,
près Zamosc (Pologne).


Paris, 11 avril 1845.

Que ta dernière lettre, mon excellente sœur, est venue à propos pour soulager mon pauvre cœur et relever ses espérances ! Non, Dieu ne m’a pas délaissé, puisqu’il m’a conservé une affection si tendre et si généreuse ; jamais je ne renoncerai à l’espoir du bonheur, tandis que je pourrai compter sur elle. Rassure-toi donc, ma chère Henriette, sur les souffrances intimes et les cruelles perplexités que ton cœur a devinées dans le mien. Je suis trop vrai avec toi pour nier que mon âme en ait ressenti les plus dures atteintes. Mais ton amitié, qui m’est témoignée d’une manière si douce et si efficace, suffirait pour en tempérer l’amertume. D’ailleurs, bonne Henriette, jamais toute lueur d’espérance