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s’est opéré cette année en ma position, un changement que je considère comme important, moins sans doute en lui-même que par les suites qu’il peut avoir sur mon avenir et que j’ai déjà pu entrevoir. Je t’ai déjà parlé de mes études dans la langue hébraïque et des progrès assez rapides que j’y avais faits. En effet, quoique je n’aie encore qu’un an d’études, le professeur d’hébreu se trouvant trop occupé par les deux cours qui se font de cette langue au séminaire, m’a fait charger par les Directeurs de professer l’un de ces cours.

Je n’ai pas hésité à accepter, tant pour l’utilité scientifique que j’en pouvais retirer que parce que j’aperçus sur-le-champ que cela pouvait mener à quelque chose de plus. D’ailleurs, j’ai pour principe d’entrer toujours dans le chemin qui s’ouvre devant moi, parce que l’on ne sait pas où il mène. Bien d’autres l’ont envisagé comme moi, et tous ceux qui m’ont félicité n’ont pas manqué de me faire remarquer que le professeur actuel d’hébreu à la Sorbonne a commencé de la même manière. On m’a même déjà fait la proposition