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moins, comme je ne prétendrais pas disputer à M. Dupanloup le gouvernement de sa maison, et que, pour le second inconvénient, on peut toujours s’en mettre à couvert, au moins quant aux influences intérieures, en s’isolant, je ne répugnerais pas à y passer une ou deux années, afin de pouvoir, durant ce temps, fréquenter certains cours, et me livrer à certaines recherches qui ne peuvent se faire commodément qu’à Paris : après quoi, mon rêve serait d’aller m’ensevelir quelque temps au fond de notre Bretagne avec notre mère, pour y ruminer à mon aise les faits que j’aurais amassés et mûrir certaines idées. Je crois que les recherches doivent se faire à Paris, et la méditation et l’élaboration dans le silence et la tranquillité que je ne pourrais mieux trouver que dans notre petit réduit, auprès de ma pauvre mère : d’ailleurs, cela la rendrait quelque temps heureuse, et moi aussi. Mais tu sens bien, ma chère Henriette, que je comprends trop bien notre position, pour oser entrevoir la réalisation de ce dernier point autrement que comme un souhait, tout au plus comme une espérance bien éloignée. Ç’a pourtant été