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losophie, j’eusse imposé à mes disciples la cérémonie que l’Église a instituée au premier pas de la consécration sacerdotale, puisque son esprit se résume dans le renoncement à ce qui n’est ni beau, ni bon, ni vrai, et que, sans ce renoncement, il n’y a pas de philosophie. Si jamais je devenais un homme vain et futile, attaché à ces méprisables biens d’un jour, ou à une opinion plus misérable encore (je ne parle pas de la gloire, qui n’est pas une vanité, quand on sait l’entendre), alors seulement je croirais avoir manqué à ma promesse.

J’ai longtemps réfléchi, ma bonne Henriette, sur la proposition que tu me faisais dans ta dernière lettre par rapport à l’acceptation de quelque place qui me fournît l’occasion de voyager avant mon entrée définitive dans l’état ecclésiastique. Tu conçois, ma bonne Henriette, que, sans pouvoir te donner sur un point si important une décision positive, qui d’ailleurs ne pourrait avoir son effet immédiatement, je conserve précieusement pour l’avenir la possibilité d’user d’un offre si avantageux. Je crois comme toi que rien n’est plus