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conçois aussi que sur ce grand nombre il doit y avoir bien du mélange. Cela est vrai, pourtant le mauvais esprit, l’esprit intrigant, l’esprit envieux, etc., est comprimé, sinon étouffé.

La vie n’a pas ici cette monotonie qui rendait le séjour d’Issy insupportable à ceux qui ne savaient pas réfléchir. Pour moi, je me plaindrais plutôt de sa dissipation, et si je regrette quelque chose à Issy, c’est la douce quoique un peu triste tranquillité dont on y jouissait, à cause du petit nombre des élèves et du calme des lieux. Quant aux directeurs, ce sont encore des attentions et des soins admirables, mais on sent que tout cela est mécanique, que ce sont des hommes accoutumés, depuis vingt à trente ans, a en faire autant au premier venu, et qui n’envisagent en vous que l’élève confié à leur soin, et non votre individualité personnelle. Du reste, j’ai été surpris du nombre d’hommes distingués et savants qui se trouvent ici réunis. De tous les professeurs, il n’en est aucun qui n’ait un mérite réel, et quelques-uns sont remarquables par leurs talents et leur érudition. Les