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miraculeuse restauration. Ils l’appelaient « la maison de Dieu », et, comme ils se tournaient vers elle dans la prière, on devait croire qu’ils lui avaient voué une espèce d’adoration[1]. Un œil pénétrant aurait pu dès lors apercevoir qu’ils étaient en train de devenir des hérétiques, et qu’un jour ils seraient traités de profanes dans la maison qu’ils avaient fondée.

Une différence totale séparait, en effet, le christianisme des nazaréens, des ébionim, des parents de Jésus, de celui qui triompha plus tard. Pour les continuateurs immédiats de Jésus, il s’agissait non de remplacer le judaïsme, mais de le couronner par l’avènement du Messie. L’Église chrétienne n’était pour eux qu’une réunion de hasidim, de véritables Israélites, admettant un fait qui, pour un juif non sadducéen, devait paraître fort possible : c’est que Jésus, mis à mort et ressuscité, était le Messie, qui dans un bref délai devait venir prendre possession du trône de David et accomplir les prophéties. Si on leur eût dit qu’ils étaient des déserteurs du judaïsme, ils se fussent sûrement récriés, et eussent protesté qu’ils étaient les vrais juifs, les héritiers des promesses. Renoncer à la loi mosaïque eût été,

  1. Irénée, I, xxvi, 2.