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comme on sait, la plus grande partie de la sainteté de Jacques, frère du Seigneur. Ce Jacques était pour eux la perfection de la sainteté[1]. Pierre aussi obtenait tous leurs respects[2]. C’est sous le nom de ces deux apôtres qu’ils mettaient leurs révélations apocryphes[3]. Au contraire, il n’y avait malédiction qu’ils ne prononçassent contre Paul. Ils l’appelaient « l’homme de Tarse », « l’apostat » ; ils racontaient sur lui les histoires les plus ridicules ; ils lui refusaient le titre de juif, et prétendaient que, soit du côté de son père, soit du côté de sa mère, il n’avait eu pour ascendants que des païens[4]. Un juif véritable parlant de l’abrogation de la Loi leur paraissait une impossibilité absolue.

Nous verrons bientôt une littérature sortir de cet ordre d’idées et de passions. Les bons sectaires de Kokaba tournaient obstinément le dos à l’Occident, à l’avenir. Leurs yeux étaient toujours dirigés vers Jérusalem, dont ils espéraient sans doute la

  1. Épiph., xxx, 2, 16 ; Homélies pseudo-clémentines, lettres préliminaires.
  2. Épiph., xxx, 15, 21.
  3. Épiph., xxx, 16 ; Homélies pseudo-clém., lettres prélim. ; Sacy, Chrest. arabe, I, p. 306, 346.
  4. Irénée, I, xxvi, 2 ; III, xv, 1 ; Eusèbe, H. E., III, 27 ; Épiph., xxx, 17, 25 ; Théodoret, Hæret. fab., II, 1 ; saint Jérôme, In Matth., xii, init. Cf. Saint Paul, p. 299 et suiv.