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le nom de « pauvre » pour un titre de noblesse[1]. Une foule de passages de l’Ancien Testament où le mot ébion est employé pour désigner l’homme pieux et par extension l’ensemble du piétisme israélite, la réunion des saints d’Israël, chétifs, doux, humbles, méprisés du monde, mais aimés de Dieu, étaient rapportés à la secte[2]. Le mot « pauvre » impliquait une nuance de tendresse, comme quand nous disons « le pauvre chéri ! ». Ce « pauvre de Dieu », dont les prophètes et les psalmistes avaient raconté les misères, les humiliations, et annoncé les grandeurs futures, passa pour la désignation symbolique de la petite Église transjordanienne de Pella et de Kokaba, continuatrice de celle de Jérusalem. De même que, dans la vieille langue hébraïque, le mot ébion avait reçu une signification métaphorique pour désigner la partie pieuse du peuple de Dieu[3] ; de même la sainte petite congrégation de la Batanée, se considérant comme le seul véritable Israël, « l’Israël de Dieu »[4], héritier du royaume cé-

  1. Jac., ii, 5, 6.
  2. Voir surtout Ps. ix, 19 ; xl, 18 ; lxx, 6 ; lxxxvi, 1 ; cvii, 41 ; cix, 22 ; cxiii, 7 ; Amos., ii, 6.
  3. Passage des Psaumes précités ; Isaïe, xxv, 4 ; xxvi, 6 ; xli, 17 ; Jérémie, xx, 13. Il en était de même des mots dal et ani ou anav. Voir Ps. ix-x et Vie de Jésus, p. 188, 13e édit. et suiv.
  4. Gal., vi, 16.