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hébreu חלפי, et Κλωπᾶς ou Κλεοπᾶς est une abréviation de Κλεόπατρος[1]. Jacques, fils d’Alphée, n’a donc pas le moindre titre à faire partie des cousins germains de Jésus. Le personnel évangélique possède en réalité quatre Jacques, l’un fils de Joseph et frère de Jésus, un autre fils de Clopas, un autre fils de Zébédée, un autre fils d’Alphée.

La liste des apôtres donnée par Luc dans son Évangile et dans les Actes contient un Ἰούδας Ἰακώϐου, qu’on a voulu identifier avec Jude, frère du Seigneur, en supposant qu’il fallait sous-entendre ἀδελφός entre les deux noms. Rien de plus arbitraire. Ce Judas était fils d’un Jacques, inconnu d’ailleurs. Il en faut dire autant de Simon le Zélote, qu’on a voulu, sans une ombre de raison, identifier avec le Simon qu’on trouve rangé (Matth., xiii, 55 ; Marc, vi, 3) parmi les frères de Jésus.

En somme, il ne paraît pas qu’un seul membre de la famille de Jésus ait fait partie du collège des Douze. Jacques lui-même ne comptait pas parmi eux[2]. Les deux seuls frères du Seigneur dont nous connaissions les noms avec certitude sont Jacques et Jude. Jacques ne se maria pas ; mais Jude eut des enfants et des petits-enfants ; ces derniers comparurent devant Domitien comme descendants de David, et furent présidents d’Églises en Syrie.

Quant aux fils de Clopas, nous en connaissons trois,

  1. Corpus inscr. gr., no 4934 ; Revue archéol., 1844, p. 485-491.
  2. Gal., i, 19, ne l’implique nullement. Jac., i, 1, suppose le contraire. Dans toutes les lettres apostoliques, vraies ou supposées, l’auteur se donne dans la suscription le titre d’ἀπόστολος. Le même raisonnement s’applique à Jude, i, 1. Que, dans ces deux suscriptions, Jacques et Jude ne s’appellent pas ἀδελφὸς τοῦ κυρίου, c’est là sans doute un trait d’humilité.