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père Clopas, dont Hégésippe fait un frère de Joseph[1] ; ou par les deux côtés à la fois ; car il est possible à la rigueur que les deux frères aient épousé les deux sœurs. De ces trois hypothèses, la seconde est de beaucoup la plus probable. L’hypothèse de deux sœurs portant le même nom est d’une suprême invraisemblance. Le passage du quatrième Évangile (xix, 25) peut renfermer une erreur. Ajoutons que, selon une interprétation pénible, il est vrai, mais cependant admissible, l’expression ἡ ἀδελφὴ τῆς μητρὸς αὐτοῦ ne tombe pas sur Μαρία ἡ τοῦ Κλωπᾶ, mais constitue un personnage distinct, innomé, comme la mère de Jésus elle-même. Le vieil Hégésippe, si préoccupé de tout ce qui touchait à la famille de Jésus, paraît avoir très-bien su la vérité sur ce point.

Mais comment admettre que les deux frères, Joseph et Clopas, eussent trois ou même quatre fils portant les mêmes noms ? Examinons la liste des quatre frères de Jésus donnée par les synoptiques : Jacques, Jude, Simon, José. Les deux premiers ont des titres bien authentiques à s’appeler frères du Seigneur ; les deux derniers n’ont, en dehors des deux passages synoptiques, aucune référence à faire valoir. Comme les deux noms de Simon ou Siméon, José ou Joseph, se trouvent d’ailleurs dans la liste des fils de Clopas, nous sommes menés à l’hypothèse suivante : c’est que les passages de Marc et de Matthieu où sont énumérés les quatre frères de Jésus renferment une inadvertance ; que, sur les quatre personnages nommés par les synoptiques, Jacques

    culier dans l’Évangile de Pierre. Origène, In Matth., tom. x, 17 (Opp., III, 462).

  1. Dans Eus., H. E., III, 11, 32.